jeudi 20 février 2014

[mise aux archives]: 27 juin 2012: Abbé Clifton: lettre ouverte à M. l'abbé Thouvenot

Source The Recusant 
Maison St George, Wimbledon
27 juin 2012

Cher Monsieur L’Abbé,
A la veille du vingtième anniversaire de mon ordination sacerdotale, bien que rendant grâce à Dieu Tout-Puissant et à la Vierge Marie qu’une telle grâce et miséricorde m’aient été accordées, je me sens poussé à vous faire part de mes sentiments sur les souffrances qui accablent en ce moment notre chère Fraternité.
Les évènements qui ont eu lieu au sein de la Fraternité durant les trois derniers mois m’ont causé tout d’abord de la tristesse et de l’angoisse, enfin du découragement et de la colère. Les terribles divisions qui déchirent maintenant notre Fraternité ne sont pas le fruit de la rébellion et de la désobéissance, mais sont clairement le résultat d’un changement sismique de la part de nos Supérieurs des principes qui régissent nos relations avec Rome. Abandonner la sécurité et la prudence de la position adoptée par la Fraternité à la dernière réunion du Chapitre Général (2006), c’est a dire de refuser tout accord pratique avec les autorités romaines sans qu’il y ait au préalable une résolution doctrinale des erreurs du Concile Vatican II, s’est révélé etre un désastre. En conséquence, la Fraternité qui était toujours unie et forte est maintenant déchirée et affaiblie – frère contre frère. Aucun argument convainquant n’a été présenté pour justifier un tel changement fondamental de position – le Saint Père n’a en aucune facon modifié son insistance sur la continuité herméneutique en ce qui concerne la Tradition et les enseignements du dernier Concile. Et pourtant, on nous demande d’accepter le contraire.
Cette approche ne pouvait que créer le profond malaise qui affecte maintenant la Fraternité. Cette situation douloureuse a été exacerbée par l’usage impropre de la confidentialité a grande échelle par nos Supérieurs actuels, tandis que d’un autre coté ils mettaient dans le privilege de leur confidence un petit groupe de partisans de la nouvelle politique envers Rome.
De ce fait, il me parait extrêmement clair que ceux qui portent vraiment la responsabilité de cette tempête actuelle ne sont pas ceux qui ont tenté de preserver la fermeté et la non-ambiguité de la profession de Foi catholique de notre Fraternite envers les autorités conciliaires, mais ceux qui ont choisi d’abandonner la voie de la sagesse qui consiste à demander une réelle conversion de la Rome moderniste avant d’envisager tout accord pratique.

A la lumière de ce qui précède, la décision du Supérieur Général d’exclure l’un de ses confrères Evêques (choisi, comme lui-même, par son Excellence Monseigneur Lefebvre) de la réunion du Chapitre en juillet, et son refus d’ordonner à la prêtrise des candidats de communautés religieuses qui ont toujours partagé avec nous le même combat de la Tradition, “jusqu’à ce que l’on puisse s’assurer de leur loyauté”, est profondément bouleversant et injuste. D’avoir simplement recours aux sanctions, toujours plus nombreuses, contre ceux qui s’opposent à la nouvelle politique – à laquelle Monseigneur Fellay a fait allusion pour la première fois dans l’édition de mars de Cor Unum – ne servira qu’a créer d’autres divisions et a faire plus de mal à notre Fraternité. Au contraire, c’est ma conviction profonde que seul un retour à notre position ultérieure, qui etait d’insister sur une réelle conversion doctrinale de la part de Rome avant un quelconque accord pratique, pourra rendre à notre Fraternité Sacerdotale sa paix et son unité, et la rendre loyale à l’exemple et à l’esprit de notre cher fondateur, Monseigneur Marcel Lefebvre.
In Christo Sacerdote et Maria Immaculata,

Abbé Matthew Clifton