jeudi 10 octobre 2013

Compagnie de Marie: Qu'y a-t-il derrière ce nom ? (abbé CHAZAL)

Suite à notre article précédent à ce sujet, voici un article plus complet sur la Compagnie de Marie, rédigé par l'abbé Chazal, et également publié pour la première fois en septembre 2013.


Qu’y a-t-il derrière ce nom ?
Alors que les forces de la Résistance se rassemblent,  on a tenté de donner des noms à cette Résistance, à titre provisoire, la dénomination la plus catastrophique étant le qualificatif de « stricte observance », signifiant « je suis plus saint que toi ».
Je vous soumets le projet suivant. Beaucoup de prêtres de la résistance sont en faveur, et nous commençons à utiliser l'acronyme... J'espère que nous allons nous y tenir.
-I-
Le premier point qui est peut-être le point le plus important est que nous restons et que nous serons toujours des prêtres de la Fraternité Saint-Pie X. Notre expulsion est invalide parce que nous avons maintenu la volonté du fondateur et le but de notre institut qui est le sacerdoce de Notre-Seigneur Jésus-Christ. Ce sacerdoce souffre d'une attaque épouvantable puisque Vatican II, la nouvelle messe et toutes les mauvaises réformes, en particulier le nouveau code de droit canon, commencent à être reconnus de façon suicidaire par la direction de la Fraternité elle-même, quoique puisse faire penser la pratique du double langage.
Par conséquent, nous refusons d'admettre que nous sommes les auteurs de la séparation entre la FSSPX officielle et un reste de celle-ci qui adhère exactement à l’esprit initial de la Fraternité. Notre serment antimoderniste, le " promitto " de nos ordinations, notre formule d'engagement originelle et les vœux faits par ceux qui ne peuvent plus accepter l'inacceptable, précisément en raison de ces mêmes engagements, demeurent pleinement en vigueur, que dis-je, sont pleinement accomplis en cette occasion douloureuse.
En outre, les règles et règlements de notre fondateur sont très sages et très mesurés, un peu comme la règle de saint Benoît. Le recours aux dons du Saint-Esprit comme dénominateur commun leur donne une merveilleuse profondeur. Ils ont très bien fonctionné pendant quarante ans, et nous n'avons pas le loisir de réinventer de fond en comble tout un ensemble de règles et de cérémonies pour les prêtres, les séminaristes et les religieux. Nous estimer plus sages que Mgr Lefebvre serait certainement présomptueux.
En gardant le nom de la FSSPX, nous conservons aussi automatiquement l'autre nom de notre Ordre « Apôtres de Jésus et de Marie ».
Ceci étant dit, les mêmes constitutions ont besoin d’être amendées pour remédier à la centralisation désastreuse, l’affairisme et la bureaucratisation de la Fraternité en général, et à l’accumulation dangereuse de pouvoir du Supérieur général sur une durée excessive. Certains changements secondaires peuvent être faits sur la façon dont les prêtres sont formés. 

 -II-
Donc le nom de FSSPX doit rester, mais un qualificatif doit être ajouté.
Puisque la Fraternité, comme le dit l’abbé Wegner, est clairement en train d’opérer son rebranding en tant que société non-combattante, en changeant le ton de son discours public, alors qu’il est bien connu que son fondateur l’a décrite comme une petite armée de reconstructeurs, nous devons résister fermement contre les maux libéraux de ce temps, qui sont :

# Les désirs concomitants de se conformer au monde moderne et d'être reconnus dans notre différence.
# le refus du Nullam partem. (Nous devons reconnaître, bien au contraire, l'inimitié qui règne entre la descendance de la Femme et celle du serpent. Nous ne devons avoir aucune part, rien à voir -- cf. déclaration de 1974 -- avec les hérétiques, si haut placés qu'ils soient à Rome.) 
# La fatigue croissante, l'apathie et la perte de la flamme sacerdotale, (ce qui n'est pas trop surprenant, après quarante ans de lutte).
# Et enfin, le règne de l'anarchie intellectuelle.
Il semble donc opportun de nous appeler une armée, ou mieux encore, moins qu’une armée, un corps d'armée.
Les corps d'armée ont été initialement conçus pour attaquer l'ennemi plus rapidement et avec plus de souplesse afin de tirer parti des possibilités avant qu'elles ne disparaissent. Par conséquent, il s'agit d'une structure plus légère et plus flexible que toute une armée encombrante. Un corps d'armée comprend trois branches : infanterie, cavalerie et artillerie. Dans la même veine, nous allons lancer un réseau entier composé de prieurés, de maisons de formation (écoles et séminaires) et de maisons de retraite, mais d'une façon plus légère et plus efficace.
Nous espérons donc donner une formation plus dure et plus frugale à nos séminaristes afin qu'ils apprennent, non pas à se faire plaisir en un vaniteux ego spirituel, mais comment plaire à Dieu. « Christus non sibi placuit » (Rm XV , 3). Les magnifiques bâtiments ne sont pas indiqués en ces temps où les familles sont amenées à lutter et à vivre elles-mêmes modestement.
Puis, répétons-le, précisément parce que la solution de Fatima est méprisée, Notre-Dame reste de plus en plus «  toute la raison de notre espérance » (St Bernard). Elle nous conduit dans la bataille comme Deborah, parce que c'est la volonté de Dieu que la victoire lui soit attribuée (Juges IV, 9) . Comme Monseigneur nous l’a dit à l’occasion de son Immaculée Conception, elle est aux antipodes de ce mélange mortel de vérité et d’erreur et de ce désir de se faire reconnaître par une équipe d’impies, quelles que soient les places qu’ils occupent injustement.
Puisse-t-elle nous rendre capables de rester fermes dans la Vérité, en toute humilité, devant notre Dieu, qui est la Vérité première ou la Vérité elle-même, puis devant les hommes auxquels est due la Vérité, comme première Charité.   

François Chazal CM SPX.