lundi 12 juin 2017

Quelques notes de psychologie sociale appliquée à une société religieuse.

Pour compléter l'article La dure réalité d'un société subvertie, voici une deuxième annexe nous présentant quelques notes de psychologie sociale appliquée à une société religieuse.


« - Conrad Brean : Le président va entrer en guerre contre l’Albanie dans environ 30 minutes.
- Fad King : On va déclarer la guerre à l’Albanie ?
- CB : Non, on ne déclare pas la guerre. On entre en guerre. On n’a pas déclaré de guerre depuis la Deuxième Guerre Mondiale. »

Barry Levinson, Des hommes d’influence, 1998.

1) Remettre la crise de la FSSPX dans son contexte de « féminisation des sociétés ». Les fidèles de FSSPX ne se voient pas tels qu’ils sont.

Robert de Niro (Conrad Brean) souligne dans ce dialogue célèbre un fait important : on ne déclare plus la guerre aujourd’hui, on entre en guerre. La nouvelle expression n’a plus la clarté et la franchise de la précédente.

Pourquoi a-t-on changé ?

Si l’on est moins clair, c’est qu’il doit y avoir quelque chose d’inavouable.

Si l’on est moins franc, c’est qu’il doit y avoir un mensonge. C’est qu’il doit y avoir aussi un défaut de caractère qui empêche d’agir selon la vérité.
Pasteur fort
Ce changement trahit un abandon des vertus viriles.

En ingénierie sociale, cela s’appelle la « féminisation des sociétés ». Cette « féminisation » implique une baisse des vertus intellectuelles et un abandon de l’usage de l’intelligence et de la raison. L’usage des concepts justes et la recherche de la vertu se raréfient.

Pourtant, le mépris de l’intelligence et la place trop grande accordée aux sentiments et à la volonté ne sont pas des gages de paix, bien au contraire.

Laissée à l’abandon, l’intelligence s’atrophie et transmet de moins en moins d’informations justes à la volonté. La volonté se décide sur des représentations aberrantes du monde. La sensibilité avec ses passions de moins en moins contrôlées vient agiter la volonté. Le mélange est nocif, surtout dans une nature déjà blessée.

Les personnes les moins scrupuleuses peuvent alors en profiter pour faire avancer des projets inavouables.

2) Aujourd’hui, les plus grandes destructions se font toujours dans un but de progrès et de compassion. Nous verrons que ce qui se passe dans la FSSPX n’échappe pas à la tendance.

Le dialoguiste de Levinson est dépassé.

D’abord parce qu’on n’entre plus en guerre contre un pays mais dans un pays. Ex. : La France entre en guerre en Libye.

Ensuite, parce qu’on entre en guerre « pour » , par exemple « pour la démocratie ».

Enfin, parce que si l’on entre en guerre « contre », c’est contre un « régime » dont on a précédemment détaillé tous les crimes, vrais ou faux.

C’est comme ça qu’un massacre devient humanitaire de nos jours : on entre en guerre toujours pour un motif empreint de compassion.

Au passage, il faut noter le traitement cognitif de choc.

Sans ce traitement, impossible de faire accepter que des millions de morts injustifiées deviennent soudain le fruit du bien et du progrès.

Ce traitement consiste en l’injection dans l’esprit du public d’« éléments de langage » façonnés dans le but de « fabriquer le consentement ».

3) Les grandes batailles se livrent et se gagnent d’abord dans les esprits.

Les exterminations les plus réussies se préparent dans les cerveaux. Pour Sun-Tzu, les guerres réussies sont celles qui sont gagnées avant d’être livrées et même sans être livrées. Pour exterminer l’adversaire, il faut exterminer les idées qui le protègent. Il faut entrer dans son esprit.

Il y a deux grands avantages.

Si le motif de la guerre est inavouable, inutile de le révéler.

Si les vertus viriles ne sont pas notre fort ou si l’usage de la violence physique est prohibé, inutile de verser du sang.

C’est un immense avantage dans le domaine religieux où la violence physique est mal vue.

Et un immense avantage à notre époque où les projets inavouables abondent et les vertus viriles disparaissent.


4) Pour gagner le contrôle des esprits dans un groupe, il faut contrôler les réactions de confiance, de méfiance et d’indifférence.

« Nous allons nous rallier à l’Église issue de Vatican II. Dans certains secteurs apparaissent des traditionalistes réfractaires. Comment faire ? »

Le chef de guerre actuel ne dégaine pas sa « personnalité autoritaire » au sens de l’école de Francfort, il se pare des vertus de la « personnalité compassionnelle ».

S’il agit par compassion, il peut faire ce qu’il veut, ce sera toujours une personne « bien ». Plus c’est une « personne bien », plus il a la confiance du public et plus il éteint les foyers de méfiance. Il obtient une heureuse indifférence de la majorité.

Revenons à l’exemple. Comment obtenir la confiance ou l’indifférence bienveillante ? Il faut d’abord un motif généreux et compassionnel : « Pas de panique, ce ralliement n’est pas une trahison. J’attire votre attention sur le fait que nous allons sauver l’Église et au passage réparer une profonde injustice subie par notre société religieuse et vous-mêmes, chers fidèles. »

Constatons-le : à cause d’une tentative de ralliement prématurée en 2012, une certaine indifférence malveillante existe chez beaucoup encore dans la FSSPX.

Néanmoins, grâce à :

- une politique habile de segmentation des fidèles par district,

- le dénigrement systématique des opposants à la politique de ralliement,

- l’écoulement d’un certain laps de temps,

- la possession du pouvoir de confectionner les sacrements,

les ralliéristes ont obtenu le contrôle des réactions de confiance, d’indifférence et de méfiance des fidèles.


5) Après avoir obtenu la confiance ou l’indifférence suffisantes, on peut commencer à « pirater » les esprits.

Le nœud de la guerre est là. Comment effacer les frontières de l’intérieur et de l’extérieur, du vrai et du faux, de la perpétuation et du suicide, du bien et du mal, de façon à tuer l’esprit de mon adversaire ?

Chaque fidèle de la FSSPX possède en lui une part traditionaliste, c’est-à-dire catholique cohérente et intransigeante, c’est-à-dire catholique. C’est cette part qu’il faut exterminer et c’est contre les résistants qu’il va falloir « entrer en guerre ».

Le coup de maître est de dire : « L’église conciliaire n’existe pas, seule l’Église catholique existe. Accordons-nous. » Et c’est passé, en 2013-2014.

Depuis,tout le monde parle de confusion.

Mais comme une certaine confiance règne, au moins une grande indifférence, tout le monde se jette dans les bras généreusement ouverts du chef. Pourtant, ce chef les appelle à l’unité autour du nouveau principe d’effacement des frontières d’avec la Rome moderniste.

Donc, plus le catholique de la Tradition se rapproche du centre d’unité, plus il est pris de convulsion en raison des déchirements dans sa conscience (Cf Mgr Tissier) 

Que faut-il faire ?

Il faut arrêter de revenir sans cesse à ce qui provoque et provoquera toujours plus l’agitation et le désordre. Il faut s’opposer à un chef maintenant soumis à sa propre erreur et y opposer une foi et une intelligence libre de cette erreur.

En deux mots, il faut développer des qualités d’homme. Malheureusement, à notre époque, il y a pénurie. On préférera subir l’extermination furtive du traditionalisme et son remplacement par le conservatisme libéral. On espère en obtenir la paix, au prix du silence, de la compromission, du lâchage des protestataires, de la destruction de la foi et des mœurs etc... Mais ça ne va pas marcher.


Pasteur charitable

6) Après l’extermination des réfractaires, la nouvelle FSSPX va rentrer dans un nouveau cycle d’extermination

Mgr Fellay n’aura bientôt plus la haute main sur la FSSPX. Le pape et les ardents défenseurs du satanique projet « Nostra Aetate » entrent en guerre contre les traditionalistes au travers de Mgr Fellay. Ils lui délèguent le pouvoir d’exterminer les idées traditionalistes. Pendant ce temps, ils peuvent garder le sourire pour ceux qui donnent leur consentement à la transformation du mouvement. Mais ils ne vont pas se satisfaire du conservatisme qui va émerger dans la nouvelle FSSPX. La rage du démon s’enflamme toujours plus contre ceux qui consentent au mal.

Ce n’est pas le pire.

Le plus affreux est que Dieu peut même faire mourir dans le désert ceux qui l’irritent en ne suivant pas sa loi. « Si vous entendez ma voix, n’endurcissez pas votre cœur… pendant quarante ans, j’ai été avec eux… toujours ils détournent leur cœur… ils ont érigé un veau d’or… j’ai juré dans ma colère : ils n’entreront pas dans le royaume des cieux » . « J’ai tout fait pour t’unir à moi… j’ai rencontré un cœur de pierre » (Mgr Lefebvre, conférence spirituelle 14/02/1983)

7) Pour éviter l’extermination, il faut être des hommes

Cela est dit sans naturalisme. L’homme est celui qui vit dans le principe de réalité : 2+2=4 et pas 5 ou 4,0001, même si ce résultat vient contrarier sa quête de plaisir immédiat.

L’homme est celui qui, par l’usage dû de son intelligence et de sa volonté, Dieu aidant, refuse son consentement au mal.

Si les autorités du Vatican enseignent et montrent le mal, je ne les écoute pas et je m’en éloigne. Si la FSSPX se rallie, je m’en éloigne, même si je dois aller plus loin pour avoir la messe dominicale et rompre avec des amis. Ce n’est pas difficile à comprendre. Dieu, de son côté, ne fait jamais défaut envers ceux qui n’endurcissent pas leur cœur.


8) Pour être un homme, il faut sortir de l’enfance

L’enfance se caractérise par plusieurs points :

- l’enfant cherche les satisfactions immédiates (ce qui se passe est peut-être grave pour la foi, mais j’ai MA messe tous les jours)

- son sens de l’observation manque de précision (François a l’air gentil)

- son attention est de courte durée et on le fait facilement passer d’un sujet à l’autre (les lectures utiles sont toujours trop longues)

- il ne se soumet pas aux exigences d’une logique même élémentaire (Si la FSSPX ressemble à la FSSP, alors je vais à la FSSP, c’est plus proche de chez moi)

- il invente sa réalité (A Rome, sous Benoît XVI, les choses ont vraiment changé…)

- il a besoin d’un plus grand pour se déterminer à poser une action un peu compliquée (jusqu’à 3000€ je peux, mais 3001€, il me faut une autorisation)

-il croit volontiers les grandes personnes (les prêtres sont compétents sur tous les sujets)

Et c’est normal. Le rôle du père est alors de le tirer de son imagination et de son caprice perpétuel pour l’introduire à la réalité.

Quand on observe les traits d’un enfant chez un adulte, on dit qu’il est « infantile ».

Et il faut sortir d’un tel état. Courage !