lundi 20 octobre 2014

Père Bruno OSB: Réflexions sur le communiqué de la maison générale de la FSSPX

Les « réserves » de la Maison générale de la FSSPX


Le 17 octobre est paru un « communiqué de la Maison générale de la FSSPX au sujet de la béatification du pape Paul VI » . Voici quelques réflexions que nous suggère ce document.

« La FSSPX exprime les plus sérieuses réserves sur les béatifications et canonisations des papes récents. »

On retrouve ici le même langage que dans les (trop rares) textes officiels concernant les « canonisations » du 27 avril dernier : on y faisait état d’interrogations, de doutes, de réserves, de perplexité… Mgr Fellay n’y parlait pas de pseudo-canonisations, ni ne mettait entre guillemets le mot canonisations. Il ne disait pas clairement si ces canonisations étaient vraies ou fausses, valides ou non, mais seulement qu’elles n’étaient « pas sérieuses » ou bien qu’elles « posaient un problème ».

Ici de même : la FSSPX n’a-t-elle que des « réserves » – si « sérieuses » soient-elles – à exprimer à la veille de la « béatification » du pape de la nouvelle messe ? La maison générale pense-t-elle que l’acte que s’apprête à poser François ce 19 octobre sera valide ? Sinon, pourquoi ne pas user de guillemets, et pourquoi ne pas déclarer franchement qu’il n’y aura pas de « bienheureux Paul VI », comme nous le faisions dans notre communiqué du 13 ?

La FSSPX exprime des « réserves » : elle ne manifeste pas son indignation, elle ne dénonce pas le scandale en tant que tel.



Notons en outre que, le communiqué émanant de la Maison générale, Mgr Fellay ne s’engage pas personnellement. N’avait-il pas pourtant le devoir, à la fois en tant que supérieur général de l’œuvre fondée par Mgr Lefebvre pour le combat de la foi et en tant qu’évêque catholique, de prendre personnellement et clairement position en des circonstances aussi graves ?
« Certes Paul VI est le pape de l’encyclique Humanae vitae qui apporta lumière et réconfort aux familles catholiques, alors que les principes fondamentaux du mariage étaient fortement attaqués… »

Les « principes fondamentaux du mariage » ont été « fortement attaqués » par le concile Vatican II, plus précisément par la constitution Gaudium et spes, promulguée par… Paul VI le 7 décembre 1965. Cette constitution changeait la définition du mariage et ouvrait la voie à l’inversion des fins du mariage dans le nouveau « code ». Trois ans après Gaudium et spes, l’encyclique Humanae vitae n’a pas rétabli les « principes fondamentaux du mariage », d’où la faiblesse et les contradictions internes de ce document qui condamnait la contraception. Il faut lire l’étude sur Humanae vitae parue dans le Sel de la Terre 75 pour comprendre que cette encyclique n’apportait pas aux familles catholiques toute la « lumière » et tout le « réconfort » dont elles auraient eu tant besoin.
« … comme ils l’ont été – de façon scandaleuse – par certains membres du Synode qui s’achève. » Et le pape ? On sait le soutien qu’il a apporté au cardinal Kasper et aux autres révolutionnaires.
On appréciera les euphémismes du paragraphe suivant, concernant le Concile : « libéralisme doctrinal »(c’est tout ?), « trouble » (la Révolution française, à laquelle on a comparé Vatican II, était-elle un simple trouble ?).
Le paragraphe sur la nouvelle messe est également plutôt timide. On y cite deux expressions de Mgr Lefebvre : on s’est gardé de choisir les plus énergiques.
Le paragraphe suivant, habilement formulé, laisse entendre – sans toutefois l’affirmer – que le Motu proprio de 2007 serait l’heureux aboutissement du combat de Mgr Lefebvre. Du reste, il est faux d’affirmer sans plus de précisions que par ce Motu proprio « fut reconnu le fait que la messe tridentine n’avait jamais été abrogée ».
Dans le dernier paragraphe, « à la suite de son fondateur, la FSSPX renouvelle son attachement à la Tradition bimillénaire de l’Eglise ». Mais elle omet de renouveler, « à la suite de son fondateur », son « refus de suivre la Rome de tendance néo-moderniste et néo-protestante » (Déclaration du 21 novembre 1974). Ce n’est pas la première fois, hélas ! que l’on doit faire ce genre de constatation. La haine de l’erreur n’est-elle pas pourtant la pierre de touche de l’amour de la vérité ?

Nous espérons que certains prêtres de la FSSPX, en ce dimanche 19 octobre, ne se contenteront pas d’exprimer « les plus sérieuses réserves », mais dénonceront vigoureusement le très grave scandale que constitue la « béatification » par le pape François de son prédécesseur de triste mémoire.


Père Bruno